Dernière partie de la Grande Traversée des Alpes par le GR5, voilà un mois que nous sommes partis de Thonon-les-Bains ! De jolis paysages nous attendent encore sur cette portion finale qui s’étendra sur 172km, 11400 m de D+, 12 jours dont 1 de repos.
Topoguide, itinéraire et étapes
Topoguide

Le Mercantour : Vallée des Merveilles
- Prix : 18,40€
- Contenu : 168 pages
- Date de sortie : Juin 2022
Itinéraire, étapes, GPX et infos pratiques
Étapes du GR5
- Du Lac du Lauzanier à St-Dalmas-le-Selvage
- De Saint-Dalmas-le-Selvage à Saint-Étienne-de-Tinée
- De Saint-Étienne-de-Tinée au Col de Crousette
- Du Col de Crousette au refuge de Longon
- Du refuge de Longon à Valdebore
- De Valdebore à Vallon de Barn
- Du vallon de Barn au lac de Trecolpas
- Du lac de Trécolpas au refuge de Nice
- Du refuge de Nice au refuge des Merveilles
- Du refuge des Merveilles à camp d’argent
- Du camp d’argent à Sospel
- De Sospel à Menton
Grande Traversée des Alpes – Mercantour et Vallée des Merveilles
Étape 28 : Du Lac du Lauzanier à St-Dalmas-le-Selvage
Nous nous réveillons avec pour sonnerie le sifflement des marmottes. Dès le départ, ça grimpe ! On se fait doubler par Manon, avec qui on avait dormi au pied du Mont Thabor. Nous passons à côté de deux lacs dont le lac de Derrière la Croix près duquel il est également possible d’installer son bivouac. Manon ne casse pas son rythme et continue sa route. Nous traversons un long et magnifique pierrier, impressionnant, dans lequel on doit rester concentrés pour ne pas riper.
Nous atteignons le pas de la Cavale après 3km de marche et 300m de D+. En haut, il y a Manon qui profite de la vue, avec Valentin un autre randonneur de la GTA. On est ébahis par le paysage à perte de vue ! Et cerise sur le gâteau, des faucons fauves nous font une chorégraphie dans le ciel, j’ai définitivement bien fait de prendre mes jumelles sur ce GR !




Nous repartons avec Valentin sur une descente magnifique. Il est difficile de regarder où on pose nos pieds tellement on a envie de profiter chaque seconde du paysage. Nous faisons ensuite notre seconde côte de la journée, jusqu’au pas de la Croix Blanche. Pas grand chose, 150 m de D+ sur 1km, mais ça casse les jambes et la chaleur rend la montée plus difficile encore.
En haut, on se repose un petit peu. Des médiateurs et médiatrices du Parc National du Mercantour viennent à nous pour une sensibilisation des comportements à tenir face aux patous. Ils sont nombreux dans le Mercantour, afin que les relations se passent au mieux entre randonneurs et bergers.



On déjeune tous les 2 dans un hameau abandonné, le camp des Fourches, avec vue sur la départementale et les motos qui passent. On ne traine pas : il y a un gîte à 1h de marche qui sert à boire et on a bien envie d’une boisson fraîche ! La descente est sans grand intérêt, on marche dans des herbes hautes, en traversant à chaque lacet la départementale avec une visibilité assez mauvaise.
Une fois au gîte de Bousiéyas, on tombe sur Manon et Valentin qui prennent un café… lyophilisé ! Le gîte est fermé ! Heureusement – et merci aux hôtes – des tables et chaises sont sur la terrasse, avec des parasols. Une fontaine est aussi à disposition. Également, les toilettes sont ouvertes, une belle attention pour les randonneurs !



Nous repartons tous les 4 après une bonne pause et prenons une longue et douce montée. On discute tous les 4, et sans nous en rendre compte, nous voilà 4 km et 400 m D+ plus loin, près de la pointe de Giassin ! On est super fiers de notre journée, mais qui n’est pas encore finie. On entame la descente, douce également et en balcon jusqu’au très joli village de Saint-Dalmas-le-Selvage.
On s’installe en terrasse pour boire un verre et fêter cette belle journée ensemble. La propriétaire du restaurant nous indique une aire de bivouac gratuite dans le village (à la sortie de Saint-Dalmas-le-Selvage), on décide donc d’y passer la nuit. Il y a des toilettes pas loin, une table de pique-nique, et même une rivière pour nous laver ! Papotages autour de nouilles lyophilisées et au lit !





Étape 29 : De Saint-Dalmas-le-Selvage à Saint-Étienne-de-Tinée
Lorsque nous nous réveillons, Manon est sur le départ. Nous pouvons lui souhaiter une bonne fin de GTA, puisqu’elle finit la sienne à Nice et nous à Menton. Nous profitons de la Poste de Saint-Dalmas-le-Selvage pour envoyer un dernier colis et nous alléger d’1,9kg d’affaires devenues inutiles avec ce temps chaud. N’hésitez pas à discuter avec les personnes qui y travaillent, elles sont passionnées et amoureuses de leur région !
Cette journée est courte, l’objectif est de dormir au camping de Saint-Etienne-de-Tinée. Nous montons 250m de D+ sur 2,5km et croisons les médiateurs et médiatrices d’hier au niveau du col d’Anelle. Ils nous informent de la fête qui se passe à St-Etienne et nous proposent d’y passer le soir !



Enfin, nous descendons 4km et 650m de dénivelé jusqu’au superbe village de Saint-Étienne-de-Tinée. On pose notre tente dans le camping du plan de l’eau, dans lequel un espace est réservé aux randonneurs. Comme nous y arrivons tôt, nous choisissons un emplacement ombragé. Nous profitons de ce camping pour faire une lessive pour 3€. Nous nous installons un moment au bord du plan d’eau et nous baignons pour nous rafraichir un peu. Lorsque nous retrouvons la tente, elle est entourée de dizaines d’autres, collées les unes aux autres, toutes des randonneurs et randonneuses !
La fête dans le village de Saint-Étienne-de-Tinée est chouette : buffet d’amuse-bouches, boissons à volonté, des gens bien habillés et nous, au milieu de tout ça en tenues de rando ! Ca nous fait bien rire. Nous rentrons tôt à la tente nous coucher, avec le doux bruit des feux d’artifice et des gens qui profitent de leur soirée.

Étape 30 : De Saint-Étienne-de-Tinée au Col de Crousette
Un bébé campeur a décidé de faire réveil-matin pour tout le camping à 5h30 ! Petit déjeuner et nous partons à la fraîche pour une belle ascension. En effet à peine sortis du village, nous nous retrouvons dans un sous-bois, à grimper 450m de dénivelé sur 2km. Ça réveille de bon matin ! Nous sommes contents d’arriver en haut mais je commence à avoir des brûlures d’estomac.
Nous voilà à Auron, où nous passons au Sherpa faire quelques courses. La traversée par les pistes de ski n’est pas très agréable : un practice de golf, des remontées mécaniques. Si vous le souhaitez, vous pouvez les emprunter pour ne pas faire la montée à pied (Soso l’a testé pour vous, et malgré une heure coincée au milieu de la remontée, tout s’est bien passé !)
La montée alterne entre forêt et pistes de ski. Nous croisons des VTT qui ont une voie dédiée, attention de ne pas l’emprunter. Nous arrivons tant bien que mal vers 12h45, je suis en pleine intoxication alimentaire (encore !), sûrement le buffet de la veille qui n’a pas apprécié la chaleur du soir. Nous pique-niquons en haut, siestons puis repartons.



Le chemin descend vers le petit hameau de Roya, et nous décidons de nous arrêter boire un petit sirop dans un gîte et demander des informations pour poser le bivouac. Le Mercantour étant un parc très fréquenté, nous préférons demander les avis des locaux afin de ne pas trop perturber les bergers et les gens du coin avec nos bivouacs. Ils nous indiquent un coin sympa plus loin, et malgré les maux de ventre, nous sommes motivés à atteindre ce spot.
Pour arriver là-bas, nous devons encore marcher 5km et pas moins de 800m de D+. Les paysages sont incroyables ! Des falaises, le cours d’eau, les montagnes, les nuages dans le ciel… TOUT est sublime ! Et tant mieux, parce que la montée passe beaucoup plus facilement comme ça.



Nous arrivons sur une belle étendue d’herbe au bord du ruisseau, des randonneurs se sont déjà installés ici. Mais le gérant du gîte plus bas nous a parlé d’un coin plus haut, abrité du vent, marqué par un cercle de cailloux. Alors nous continuons à grimper, encore et encore !
Nous voilà assez vite au spot de bivouac, un peu avant le col de Rousset, après une journée de 22km, 1800 m de D+ et une intoxication alimentaire. Nous sommes super fiers de nous et installons la tente dans ce havre de paix. La vue est à couper le souffle, les nuages sont rose-oranger avec ce superbe coucher de soleil qui fait flamboyer le ciel. Sur le flanc de montagne derrière nous, nous apercevons des chamois à contre-jour qui mangent, cette soirée est simplement parfaite.




Etape 31 : Du Col de Crousette au refuge de Longon
La nuit est tellement paisible que nous nous réveillons assez tard, vers 7h45, bien reposés. Nous entendons au loin des patous qui aboient, nous espérons ne pas les croiser !
Ça monte jusqu’au col de Crousette, mais avec notre belle avancée d’hier nous y sommes rapidement. Nous voyons au loin le troupeau, ouf nous n’aurons pas à gérer les patous ! Nous sommes entourés de pierres, la végétation a presque disparu sous nos pieds et nous marchons à découvert, totalement exposés au soleil. Autour de nous, l’immensité. Nous profitons une fois de plus du paysage, seuls.






Place à la pause déjeuner contre un rocher un peu après le mont Démant-Pointe blanche. L’environnement est minéral, lunaire ! En sortant la nourriture, je fais tomber mon chargeur externe, gris, camouflé parmi les pierres, et je ne le vois pas quand on range les affaires. Il restera là.
Nous descendons, la pente est douce et agréable, jusqu’à un cours d’eau. Nous en profitons pour remplir les gourdes et tremper nos pieds pendant que la tente sèche au soleil. Un vrai bonheur ! La suite de la journée est tout aussi incroyable. La roche qui sort de terre est magnifique : orange et brute. Nous nous arrêtons fréquemment pour profiter de la vue à couper le souffle.





Dernière montée jusqu’au plateau, en haut des vaches broutent et les aigles volent. C’est très paisible. Le chemin continue dans l’herbe, et nous arrivons au refuge de Longon, où nous avons réservé pour la nuit LA DEMI-PENSION. Le gîte n’est pas complet, les hôtes ont organisé les couchages de sorte que personne ne partage les dortoirs, c’est une attention vraiment appréciable.
Petite glace au myrtille pour le goûter, faite avec le lait des vaches d’ici, elle est à tomber ! Nous profitons de ce lieu pour discuter avec l’éleveur, Alexandre. Nous discutons de ses vaches, des tarentaises, de sa façon de les élever, de les gérer. Un veau de 2 jours est au milieu, il peine à trouver son équilibre. Alexandre nous invite à revenir demain à 8h pour la traite.
Ici, ils savent accueillir ! L’hôtesse arrive avec un socca énorme et du vin d’épines. Nous prenons l’apéro avec toutes les personnes du refuge de Longon, c’est convivial. Le repas est très bon et copieux, une tarte à l’oignon, des lasagnes, du fromage et de la faisselle, miam !



Etape 32 : Du refuge de Longon à Valdebore
Le petit-déjeuner du refuge de Longon est simple mais efficace. Nous mangeons vite pour aller voir la traite des vaches. Alexandre nous explique comment se passe la traite, le fonctionnement de la machine et m’invite à traire Pimprenelle, une superbe vache !


Nous partons ravis de ces moments d’échange, et ça commence par une descente douce dans la forêt jusqu’à Roure. Ce petit village est magnifique, entièrement piéton, ultra coloré et plusieurs panneaux permettent de découvrir l’histoire du lieu. Nous grimpons en haut du belvédère du château pour profiter de l’incroyable vue. On vous conseille vraiment de flâner dans les ruelles de ce village hors du temps.
Perché à 1 100 mètres dans les Alpes-Maritimes, Roure doit son nom au latin robur (chêne). Longtemps isolé, ce village de la vallée de la Tinée conserve un riche patrimoine, dont l’église Saint-Laurent et un arboretum unique en Europe..





Puis nous continuons à descendre. Et plus nous descendons, plus il fait chaud, nous sentons la chaleur de la vallée qui se rapproche ! Nous sommes en alerte canicule et souffrons vraiment des températures élevées. Après 12km et 1400 m de D- (rien que ça !), nous arrivons à Saint-Sauveur-sur-Tinée. Juste avant sa fermeture, nous prenons au Proxi de quoi manger et nous nous posons sur une petite place, à l’ombre et près d’une fontaine.
A cet instant, nous pensons à Soso qui devrait être autour de Saint-Etienne-de-Tinée. Nous lui envoyons les coordonnées GPS approximatives du lieu où on a perdu le chargeur externe pour qu’elle y jette un coup d’œil en passant. On ne sait jamais !
Nous voyons quelques randonneurs faire du stop, mais décidons de continuer en marchant malgré la tentation de s’y essayer aussi. Il fait tellement chaud que la suite de la journée nous semble interminable. A la sortie du village, nous empruntons donc la route qui monte sur la gauche. Honnêtement, cette portion n’a pas grand intérêt. Ça grimpe fort, les paysages sont assez jolis mais ça ne casse pas trois pattes à un canard comme on dit. De plus, nous sommes en plein soleil !
Nous arrivons après 5km et 500m de D+ à Rimplas, où nous tombons sur l’Hostellerie de Rimplas. Nous commandons une grande bouteille d’eau gazeuse que nous buvons en deux gorgées sur la terrasse !





Ensuite, nous redescendons sur 2 km avant d’entamer la dernière côte : 300 m de dénivelé sur 3 km. Nous atteignons enfin Valdebore, avec une bonne journée dans les jambes, où nous posons notre tente au camping de la Ferme (un peu cher mais propre et avec une salle hors sac). Petit passage au Proxi du village dans lequel nous trouvons tout ce dont nous avons besoin, même des lyophilisés ! Une douche, une lessive, un repas et au lit !
Etape 33 : De Valdebore à Vallon de Barn
Nous sommes réveillés par les orages. Avec la chaleur d’hier et la météo d’aujourd’hui, on décide de rester au camping pour la journée, c’est notre dernière journée de pause avant la fin de notre Grande Traversée des Alpes.
Nous repartons donc après 2 nuits au camping, de nombreuses siestes, et beaucoup de nourriture engloutie ! Il fait toujours une chaleur difficile à vivre. Heureusement, comme toujours, la journée débute par une belle montée sur 8 km avec 1000 m de dénivelé positif qui va nous faire chercher un peu de fraicheur en altitude ! Nous rencontrons Jordan, un jeune qui monte également avec qui nous discutons une bonne partie de la côte. Encore une rencontre enrichissante.




Il y a une petite buvette au parking du lac des Millefonts, et un décollage de parapente se déroule au moment où nous arrivons ! Il est possible d’installer son bivouac au lac des Millefont, le lieu est superbe. Nous disons au revoir à Jordan et continuons de marcher jusqu’au lac Petit. On se pose dans un coin pour manger, essayant tant bien que mal de nous protéger du soleil.
Nous continuons le chemin et passons par 3 jolis lacs, le lac Rond, le lac Gros et le lac Long, avec du lin sauvage autour. Cette portion est vraiment très agréable. Arrivés au col du Barn, l’ascension est finie. Mais elle valait largement l’effort ! La vue en haut est incroyable, une des plus belles de notre trek.




Nous entrons (enfin !) dans le parc national du Mercantour et descendons sans réussir à décrocher nos yeux du paysage. Le Parc national du Mercantour, créé en 1979, est le dernier joyau naturel traversé par la Grande Traversée des Alpes (GTA) avant d’atteindre la Méditerranée. Ce parc est réputé pour sa biodiversité exceptionnelle, abritant plus de 2 000 espèces végétales, dont certaines endémiques, ainsi qu’une faune variée incluant chamois, marmottes et loups.
Pour nous les randonneurs, le Mercantour représente l’ultime étape alpine de la GTA, offrant des panoramas spectaculaires avant la descente vers la mer tant convoitée !


Le chemin, dans une forêt de conifères, longe un torrent. Cette partie est vraiment féérique. 3km après le passage du col, une étendue d’herbe n’attend que notre tente. Ce spot de bivouac dans le vallon de Barn est parfait : de l’eau pour nous laver, des arbres pour nous protéger, et le calme pour bien dormir. Et cerise sur le gâteau : Soso nous envoie un message pour nous prévenir qu’elle a retrouvé notre chargeur externe, et qu’en plus il fonctionne toujours !





Etape 34 : Du vallon de Barn au lac de Trecolpas
La nuit étoilée a été incroyablement paisible et revigorante. La première partie de la matinée est magnifique : dans la forêt, le long du cours d’eau, c’est enchantant. La descente est douce et bucolique jusqu’à la vacherie du Collet. Nous espérions y acheter du fromage, mais hormis 2 petits chiens, personne n’est présent. Nous repartons donc bredouille ! Nous suivons ensuite une route/sentier assez peu agréable jusqu’au Boréon.
En effet, une grosse partie de la région a été ravagée par la tempête Alex en 2020. De ce fait, plusieurs portions du GR5 sont inaccessibles à pied et il faut emprunter des itinéraires bis, souvent partagés avec des véhicules motorisés !
Arrivés au Boréon, nous décidons de nous faire un petit resto-réconfort offert par la mère de Pierre (merci !) qui, honnêtement, nous fait un bien fou ! Le service et la qualité de la nourriture étaient top à l’Ô à la bouche ! Repus, nous prenons le temps de visiter le parc Alpha, un parc animalier dédié aux loups. C’est l’occasion de suivre un atelier sur les empreintes de pas des animaux en montagne ! Nous y restons une petite heure et repartons marcher.


Nous suivons le Tour du Mercantour jusqu’à un parking, puis nous continuons à monter, il y a vraiment beaucoup de monde. C’est un sentier de randonnée très fréquenté, accessible facilement en voiture. Nous apercevons beaucoup de chamois, plus ou moins près.



Après cette montée de 600 de D+ sur 7 km, nous arrivons enfin au lac de Trécolpas. On installe notre bivouac à l’entrée de la presqu’île, il y a déjà beaucoup de monde qui a prévu d’y passer la nuit. Nous sommes entourés de chamois, dont une famille avec des petits, une fois de plus ce moment est hors du temps.
Une petite toilette dans la rivière, un bon repas et nous passons ensuite un long moment à profiter de ce lieu magique. Clairement un des plus beaux spots de bivouac de notre grande traversée des Alpes !





Hélas, la magie s’arrête net lorsqu’un groupe arrive avec un chien sans laisse qui course les chamois. Ils allument un feu, font beaucoup de bruit, et laissent leur chien courir après la faune locale. Pourtant, de nombreux panneaux sont installés partout dans le Mercantour pour informer de la règlementation du parc, ils n’ont pas pu passer à côté ! Et malgré les interventions de plusieurs personnes, ils ne respecteront pas plus l’endroit. Autour de 2h du matin, ils vont (enfin !) se coucher…
On en profite donc pour vous rappeler les règles du bivouac dans le parc national du Mercantour (qui sont valables d’ailleurs la plupart du temps en montagne !) :
- On installe son bivouac à partir de 19h et on a tout replié avant 9h
- Pas de chien, même tenu en laisse
- Ni bruit, ni dérangement
- Pas de feu
- Pas de cueillette
- On ne laisse AUCUN déchet sur place
Etape 35 : Du lac de Trécolpas au refuge de Nice
A notre réveil, les chamois ne sont toujours pas revenus à cause du chien qui a beaucoup aboyé… Ouf, quelques centaines de mètres plus haut, nous commençons de nouveau à en apercevoir, ainsi que quelques vaches. Retour au calme et à un environnement plus paisible, loin de la foule qui repart vers le parking en contrebas pour la majorité. Une fois au pas des Ladres, nous redescendons un peu et voyons la famille de chamois de la veille au complet. Ce passage est assez aérien mais les points de vue y sont dingues !
Environ 4,5 km (250 de D+ et 500 de D-) après le lac de Trécolpas se trouve le refuge de la Madone de Fenestre, avec une architecture qu’on qualifierait d’assez austère. Mais les gens y sont accueillants ! Nous mangeons sur leur terrasse et discutons avec des randonneurs. Ils nous expliquent que les « perturbateurs » d’hier soir ont été cueillis par les agents du parc, et se sont pris une belle amende.
La Madone de Fenestre, est vénérée tous les 15 août et 8 septembre par la population locale et celle des environs du Piémont. À cette dernière date, elle est descendue en procession jusqu’à Saint-Martin-Vésubie pour y passer l’hiver.



Nous repartons sur le GR52 (petit doute sur GR5 OU GR52 ?) et après un peu moins de 2km, nous voilà dans un pierrier, long et laborieux. Ce qui demande beaucoup de concentration et engendre de la fatigue beaucoup plus vite qu’un sentier plus roulant. Heureusement, des chamois et bouquetins nous offrent un superbe spectacle, ou alors ce sont eux qui nous regardent avancer tant bien que mal dans le pierrier et sont les spectateurs ?
Nous passons finalement le pas du mont Colomb, épuisés. Ce pas est très étriqué, on a l’impression de passer par un passage secret pour aller de l’autre côté de la montagne. La descente qui suit est également éreintante et assez vertigineuse par passages ! Le sentier n’est qu’un amas de rochers sur lesquels on monte et on descend, en prenant garde à vérifier la stabilité à chaque fois. Le chemin se devine plus qu’il ne se suit : des marquages sont fait par-ci par-là, difficiles à suivre.





Après 1km de descente pour 650m de dénivelé négatif, nous arrivons sur un replat, nos jambes n’ont plus de force. Il ne reste qu’un kilomètre jusqu’au refuge, nous sommes soulagés ! Le lac de la Fous en contrebas du refuge de Nice est magnifique.
On pose la tente au refuge de Nice, dans un coin bivouac, un peu au dessus. Comme les ravitaillements sont très rares dans le Mercantour, nous profitons du repas du refuge, nous avons décidé de manger dans certains refuges pour nous éviter de porter trop de nourriture. Cette aire de bivouac se remplit rapidement de randonneurs et randonneuses, dont ceux croisés à la Madone de Fenestre ce midi. Nous nous retrouvons vite entre personnes qui font la grande traversée des Alpes, et de fil en aiguille nous en venons à parler de Solène et de Manon, connues par toutes les personnes qui sont avec nous ce soir ! Ce qui nous fait beaucoup rire. Décidément, le monde est petit sur la Grande Traversée des Alpes.



Etape 36 : Du refuge de Nice au refuge des Merveilles
La matinée se déroule entourée de chamois, en suivant toujours le GR52. La première partie est assez douce, jusqu’à l’arrivée à un pierrier assez abrupte. Mais il est finalement plus impressionnant qu’il n’est difficile, nous montons sans difficulté. Nous passons le long du lac Niré, un magnifique lac à 2 353 m d’altitude. Il est possible d’installer son bivouac au lac Niré également et il y a un ruisseau pour remplir ses gourdes. Il y a également deux autres petits lacs à peine plus loin très chouettes aussi !
À la baisse de Basto, nous faisons une petite pause bien méritée après ce passage utlra raide dans les pierriers. Il y a beaucoup de lacs en contrebas, et aussi beaucoup de monde. Ca nous fait drôle, après toutes ces semaines loin des gens, de nous retrouver avec autant de personnes sur les sentiers.



Nous repartons en descente avec la vue sur l’immense lac du Basto en contrebas, qui flirte avec la frontière italienne. Une fois arrivés en bas, il faut remonter directement jusqu’à la baisse de Valmasque, mais cette ascension est bien plus facile que les autres car il n’y a pas de pierriers. Cette baisse marque l’entrée dans la Vallée des Merveilles !
Petit point bivouac interdit dans la vallée des merveilles GR52
Nous mangeons notre lyophilisé à la baisse de Valmasque, entourés de personnes bruyantes et agitées. Enfin peut-être se comportent-elles normalement, mais la différence avec le calme dans lequel nous avons pris l’habitude de manger est perturbante. Nous ne traînons pas !



Nous entrons (enfin !) dans la célèbre vallée des Merveilles et guettons les gravures rupestres. Il faut chercher pour les voir, elles sont peu visibles : des petits trous dans la roche qui forment des dessins. Certaines sont indiquées par des poteaux en métal, mais ça vaut sûrement le coup de faire une visite avec un guide local pour comprendre leur histoire !
Le saviez-vous ? La vallée des Merveilles, située dans le parc national du Mercantour, abrite un important ensemble de gravures rupestres réalisées il y a environ 4 000 ans, à l’âge du Bronze. Gravées sur des dalles de pierre lissées par les glaciers, ces figures représentent des scènes de la vie quotidienne, des animaux, des armes ou encore des symboles abstraits.



Le sentier jusqu’au refuge des Merveilles est magnifique. Une fois arrivés au refuge des Merveilles, nous réservons nos places dans le coin bivouac en posant nos sacs au sol, loin des gens. Nous sommes fatigués de la grande traversée des Alpes, qui dure depuis plus de 5 semaines maintenant. Petite douche au refuge, 4 minutes de pur bonheur !
On en profite également pour faire une lessive et faire sécher nos affaires au soleil pour repartir en sentant (presque) bon pour nos derniers jours de marche. Le repas au refuge (que nous prenons en terrasse !) est très bon, réconfortant et très convivial. Nous passons un moment agréable à la tablée !




Etape 37 : Du refuge des Merveilles à camp d’argent
Les nuits commencent à être chaudes, et les étoiles s’estompent dans le ciel : nous approchons des grandes villes et du sud, ça se sent. Nous déjeunons au refuge des Merveilles puis repartons sur le GR52 en direction du camp d’argent !
Le sentier jusqu’au Pas du diable passe par de nombreux lacs et barrages. La randonnée est assez facile par rapport aux journées précédentes ! Une fois au pas du Diable, nous apercevons au loin la mer Méditerranée pour la première fois depuis notre départ. L’émotion est là, nous touchons du bout des doigts la fin de la grande traversée de Alpes. Nous sommes entre la joie d’y être parvenus, et la tristesse qu’elle se termine bientôt.





Nous entamons la descente d’abord bien raide sur 1,5 km puis plus douce. Les pierres disparaissent et les chevilles se tordent moins. Pique-nique à la cime de Raus, le réseau téléphonique est de nouveau là, après 3 jours d’absence. Nous longeons à flanc de montagne, avec pour paysage de nombreux bâtiments datant de la seconde guerre mondiale, dont le fort de la Redoute des Trois Communes.
Le saviez-vous ? La Redoute des Trois Communes est un fort militaire situé à 2 080 mètres d’altitude, au sommet du massif de l’Authion. Construite en 1897 dans le cadre du système défensif Séré de Rivières, elle fait partie des premiers forts français édifiés en béton armé. Sa position stratégique visait à surveiller et défendre la frontière franco-italienne.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le fort était occupé par des troupes allemandes de la 34e division. Il était le théâtre de combats en avril 1945 lors de la bataille de l’Authion : après des bombardements, cinq volontaires de la 1re division française libre, appuyés par un char, ont obtenu la reddition de la garnison allemande composée de 38 soldats.




Puis nous suivons la crète entre la Tête de la Poudrière et la pointe des Trois Communes, qui offre des panoramas magiques sur les Alpes du Sud. Enfin, nous arrivons au Camp d’argent, une petite station de ski. Il y a du kart d’été, un gîte d’étape et un restaurant. Nous nous installons au restaurant Yeti boire un verre et manger une gaufre.
Nous revenons ensuite un peu en arrière car nous avons repéré à l’aller un spot calme de bivouac au Camp d’argent, sur les hauteurs et assez plat. Coup de chance, ce soir il y a une animation d’astronomie pour la nuit des étoiles, de 22h à minuit. En effet, ce soir il devrait y avoir plein d’étoiles filantes ! Nous profitons de ce temps pour observer la lune avec le télescope de l’animateur, écouter des histoires et (re)découvrir les constellations.


Etape 38 : Du camp d’argent à Sospel
Nous partons de plus en plus tard le matin, difficile de savoir si c’est la fatigue accumulée ou si c’est le fait d’arriver bientôt !
Ce n’est pas une journée marquante, bien que nous croisons de nombreux forts datant de la seconde guerre mondiale et quelques jolis panoramas. C’est une journée très chaude où il est difficile de trouver de l’eau. Nous avançons sur le GR52 en plein soleil, nous arrêtant de temps à autres pour observer les bâtiments militaires. Menton se rapproche !




Pour atteindre le mont Mangiabo depuis le Camp d’Argent, nous suivons une ligne de crête sur un peu plus de 12 kilomètres. On se régale et on est surpris du dénivelé qu’il y a si près de la côté méditerranéenne ! La vue depuis le mont Mangiabo est magique. Il est possible d’installer son bivouac au mont Mangiabo si il n’y a pas de risques d’orages de prévus (c’est le plus haut sommet du coin). Puis ça descend bien jusqu’à Sospel ! Le sol craquèle a de nombreux endroits, preuve de la sécheresse en cours et du climat qui se dérègle chaque année un peu plus…
À Saint-Dalmas-le-Selvage, nous avions rencontré Cathia et Ernesto, deux cyclistes qui dormaient en van sur l’aire de bivouac. Ils nous avaient donné leur numéro, au cas où nous ayons besoin à Sospel. Nous leur avons envoyé un message, savoir s’il y avait de la place dans leur jardin pour poser la tente. C’est avec enthousiasme qu’ils nous accueillent chez eux, nous partageons un excellent dîner avec eux et leur fils et dormons dans un lit douillet dans leur chambre d’amis. Nous passerons donc notre dernière nuit sur la Grande Traversée des Alpes dans un vrai lit et pas sous la tente !
Le voyage itinérant, c’est aussi ça : le partage. Nous avons été accueillis de nombreuses fois lors de nos voyages à vélo, mais en randonnée aussi la générosité des gens est frappante. Une discussion, un café, une barre de céréales, un compeed, et quelquefois, une nuit dans un endroit. Chaque moment avec quelqu’un est un cadeau et nous sommes reconnaissants de toutes les personnes croisées sur cette Grande Traversée des Alpes !



Etape 39 : de Sospel à Menton
À notre réveil, Cathia est déjà partie rouler en vélo, et Ernesto est sur le départ. On vous a dit qu’ils étaient fous de vélo ?
Le petit déjeuner est dans le frigo, nous partons avec une énergie débordante, celle des moments de partage.
Nous démarrons cette dernière journée de Grande Traversée des Alpes avec un petit pincement au coeur et une belle excitation, ça y est on touche le but ! Nous traversons Sospel et juste avant d’entamer la montée, nous entendons au loin « Pierre ! Pierre ! ». Je vous le mets dans le mille : Soso, en contre-bas, avec son gros sac violet et ses lunettes qui nous appelle ! Si on avait voulu le faire exprès, on n’y serait pas arrivés ! Nous sommes tous les trois heureux de passer cette dernière journée ensemble, d’autant plus qu’elle est assez difficile.
Il fait une fois de plus très chaud, et on croise peu de points d’eau. Nous profitons de cette journée ensemble pour faire un point sur nos différentes histoires, et Solène nous rend notre chargeur portable. Nous grimpons pendant 7km, environ 700m de dénivelé positif jusqu’au Brec de Trétore en passant par le col du Razet qui offre une superbe vue à 360°, puis ça descend sur 2 km avant de repartir en montée.
Nous tombons sur un espace pour randonneurs avec sirop, eau, tables et chaises en libre service et prix libre. Merci à la personne qui met tout ça à disposition, c’est tellement agréable !



Nous finissons la montée vers le col du Berceau dernier col de la Grande Traversée des Alpes, dernière grimpette sous une chaleur difficilement supportable. Arrivés en haut, vue sur la mer et petit spot de bivouac, Soso s’arrête ici pour y passer la nuit. Nous lui souhaitons bonne nuit, et calons un rendez-vous demain pour un café en terrasse à Menton.
C’est parti pour la descente finale vers Menton, 1000 m de D- sur 5 km. Nous sommes bien fatigués de cette journée, la chaleur y participant beaucoup, nos genoux peinent à descendre. La mer se rapproche doucement !



L’entrée dans Menton par le GR52 n’est pas des plus agréable : passage sous l’autoroute, tout est goudronné. Mais ça fait partie du voyage ! Et nous voilà enfin à la mer, émus d’y être parvenus.
ÇA Y EST !! On l’a fait !
Cette grande traversée des Alpes aura été une belle expérience, riche et intense. On aura marché 652km, monté 36 692m de dénivelé positif, et tout ça en 40 jours. Nous en sortons heureux, épanouis et grandis. Aujourd’hui, une belle amitié continue avec Soso, et nous voyons avec joie Manon chaque fois que nous allons à Marseille !
