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La formation d’accompagnateur en moyenne montagne (AMM)

Temps de lecture — 4 minutes

Vous voulez tout savoir sur la formation d’accompagnateur en moyenne montagne (AMM) ? Découvrez notre guide complet sur le métier d’AMM : formation, prix, durée, difficulté et perspectives d’avenir.

Qu’est ce qu’un accompagnateur en moyenne montagne (AMM) ?

Un accompagnateur en moyenne montagne est titulaire d’un diplôme d’État. Nous encadrons des sorties en montagne avec toute sorte de public (enfants, adultes, personnes en situation de handicap, familles…). Un AMM peut travailler à l’étranger, pour peu que son diplôme soit reconnu dans le pays concerné (à peu près partout). On peut donc emmener des gens se balader sur le GR34 en Bretagne, sur les sentiers népalais et jusqu’en lisière de glacier (mais pas dessus !).

Quelles sont ses missions et les qualités requises ?

Au lieu de vous décrire tout ce qu’on peut faire (séminaire course d’orientation, cabanes dans la forêt, trail ou trek en Patagonie), je peux vous dire ce que nous n’avons pas le droit de faire : des randonnées aquatiques, de l’alpinisme, de la randonnée glaciaire, du ski de rando, de la luge, de l’escalade, de la via ferrata …. Bref, tout ce qui relève d’autres diplômes ou brevets d’Etat. Et nous ne sommes donc pas des guides de haute montagne. Même si bientôt, quand il n’y aura plus de glaciers dans les Alpes, on aura nous aussi le droit de prononcer les mots « haute montagne ». 

Pour être une bonne accompagnatrice, il faut aimer raconter et transmettre son amour de la montagne et de la nature, aimer le contact avec le genre humain (c’est la partie la plus critique parfois) et avoir un sens inné de l’adaptation. 

La formation pour devenir accompagnateur en moyenne montagne (AMM)

Pour devenir accompagnateur en moyenne montagne, c’est long et semé d’embûches. Ne serait-ce que pour entrer en formation, il faut réussir le probatoire, une épreuve composée d’une partie pratique sous forme de course d’orientation et d’une partie théorique sous forme de QCM. La course d’orientation (CO pour les intimes) dure environ 8 heures. Les femmes portent un sac à dos de minimum 7kg et les hommes 9kg. À ce poids de base s’ajoutent l’eau et les vivres de course. Je portais donc 9kg le jour J.

Il s’agit ensuite de trouver une quinzaine de balises les unes à la suite des autres, sans se tromper d’ordre ni poinçonner celles des autres (elles sont parfois très proches les unes des autres). Lors du probatoire dans le Jura en septembre 2022, nous étions 450 participants. 30% ont réussi l’épreuve. Le lendemain, nous nous sommes attablés une heure pour répondre au QCM sur la montagne. Qu’est-ce qu’un APB ? Trouve le lys martagon. Quels pays traverse le Rhône ? Etc. 

Avant même de pouvoir s’inscrire au probatoire, on doit présenter une liste de 30 randonnées réalisées dans différents massifs français, pour prouver qu’on aime marcher et remplir des tableaux Excel. 

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Combien de temps dure la formation d’accompagnateur en moyenne montagne (AMM) ?

Une fois le probatoire réussi, la formation d’accompagnateur en moyenne montagne commence et elle se compose de plusieurs unités de formation (UF) d’une ou deux semaines, chacune dédiée à un thème précis (sécurité et secours, faune et flore, milieu enneigé, trail et pédagogie, en gros).  Ces UF peuvent avoir lieu à Prémanon, le siège jurassien du CNSNMM (j’ai mis un an et demi à m’en rappeler et à pouvoir prononcer l’acronyme – Centre National de Ski Nordique et de Moyenne Montagne), à l’ENSA (École Nationale de Ski et d’Alpinisme) de Chamonix ou dans d’autres organismes, tels que les CREPS régionaux.

Chaque UF présente un taux de réussite plus ou moins élevé selon le thème. Entre certaines UF, il y a des stages à réaliser, soit d’observation, soit professionnels. Et heureusement, les AMM stagiaires ont le droit de commencer à exercer leur métier, avec quelques petites interdictions tout de même (pas de nuitée en bivouac avec des clients, pas de passage à l’étranger ou de nuits consécutives en refuge, allez savoir pourquoi).

Tout cela rend la formation d’accompagnateur en moyenne montagne particulièrement ardue à mener à terme pour les personnes qui ont gardé leur travail en parallèle et qui sacrifient leurs vacances pour les UF et les stages. Il faut deux ans minimum pour valider toutes les étapes de la formation et on ne peut y passer plus de cinq ans. 

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Combien ça coute de devenir accompagnateur en moyenne montagne (AMM)

La grande majorité des futurs accompagnateur en moyenne montagne (AMM) sont en reconversion. Ils ou elles ont été ingénieur, prof, kiné, intermittent du spectacle, moniteur d’auto-école, ont bossé aux relations internationales, chez Renault, dans le bâtiment… Et très rares sont les jeunes tout juste sortie de leur lycée montagne ou de leur BTS tourisme qui se lancent dans le cursus directement. Il doit y en avoir deux ou trois, quand même.

La formation entière d’ accompagnateur en moyenne montagne coûte 3 000€ et l’on paye chaque module séparément. Les UF peuvent être financées par la Région ou le Pôle emploi, voire par le CPF parfois ou votre futur ancien employeur. 

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La formation d’accompagnateur en moyenne montagne est difficile

L’un des AMM auprès de qui j’ai fait un stage m’a dit, quand je l’ai appelé pour lui annoncer que j’avais réussi le probatoire, que j’avais fait le plus dur. Je ne sais pas encore si c’est vrai parce qu’il me reste encore l’UF3 (milieu enneigé, réputée terrible), les UF 4 et 5 et l’examen final à passer. Ce qui est certain, c’est qu’on doit savoir et pouvoir rester motivé tout du long si on veut aller jusqu’au bout de l’aventure. Et, c’est vrai, j’ai vécu le probatoire comme une épreuve initiatique.

Les quelques jours qui ont précédé la CO ont été assez éprouvants. J’étais stressée et le matin même, j’ai quitté mes compagnons en ayant l’impression de partir jouer ma vie. J’ai traversé des états émotionnels très différents au cours de ces huit heures. Un face à face avec soi-même et ses nerfs.

Lors des quelques probatoires blancs réalisés lors de ma préparation avec le CREPS de Voiron (je vous en reparle), je n’avais jamais trop galéré à trouver mes balises, sauf sur les Hauts Plateaux du Vercors, ce qui était normal. Là, il y en a eu deux pour lesquelles j’ai tourné en rond vingt minutes chacune. Le temps fuit à toute allure et la réussite s’éloigne à la même vitesse. Lorsque je trouve enfin la balise, la joie est sauvage. Lorsque je ne la trouve pas, le cerveau ralenti par le stress, le désespoir est un gouffre.

J’avais rarement vécu quelque chose de semblable. À la fin de la journée, j’avais trouvé toutes les balises dans les temps mais je ne savais pas encore si c’était bien toutes les miennes. Épuisée, le regard vide, le bas du dos brûlé par les frottements de mon sac à dos pas du tout adapté à la course, j’ai dû attendre en même temps que mes compagnons la sentence. Elle est tombée vers 21 heures. Et j’ai sauté de joie, appelé mes parents, failli pleurer. 

Bref, ce n’est sans doute pas aussi intense pour tout le monde, mais ça se mérite !

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Trouver du travail comme accompagnateur en moyenne montagne (AMM)

Quant au nerf de la guerre, les perspectives de travail en tant qu’accompagnateur en moyenne montagne, il y en a, à condition d’être motivé et adaptable ! Ça dépend où, ça dépend de votre capacité à réseauter, de votre envie de faire des sorties à la journée, de prendre beaucoup votre voiture, de travailler avec un public scolaire, de plein de choses. Beaucoup d’AMM exercent un autre métier à côté mais il y en a aussi qui ne font que ça. 

Avec la fréquentation croissante de la montagne, notre métier va devoir évoluer, s’adapter aux différents publics et nous devrons repenser nos manières de travailler dans ce milieu fragile. 

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Ressources utiles pour devenir accompagnateur en moyenne montagne (AMM)

Je vous donne quelques ressources utiles pour vous renseigner plus avant sur la formation d’accompagnateur en moyenne montagne et le probatoire :

  • Eve S. Philomène

    Je suis Eve, j’ai 27 ans et mon amour de la montagne remonte à mes premières années. Pourtant, il m’a fallu de nombreuses années d’études, puis un grand voyage et de nombreuses heures de marche et de bivouac pour que me vienne un jour l’idée de faire de cette passion mon métier. Enfin, l’un de mes métiers ! Car je suis aussi écrivaine (l’un de mes romans sera publié au printemps aux éditions Le Ver à Soie !) et vidéaste (je partage sur ma chaîne YouTube mes aventures à pieds, à vélo ou encore en alpinisme, dans les Alpes mais aussi partout en France et à l’étranger). À la bonne saison, vous me croiserez souvent en sandales, pour marcher ou courir au plus près de la mère Terre. En hiver, vous m’entendrez plus souvent me plaindre du poids de mes chaussures de ski de rando ou d’alpi ! En toute saison, je cultive l’émerveillement pour ce que nous offre la nature, de la petite fleur de montagne auto-suffisante aux crevasses inquiétantes des glaciers en passant par le vol d’un gypaète barbu. À bientôt sur les sentiers !

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