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Le Pacific Crest Trail (PCT) : guide et récit 2023

Temps de lecture — 14 minutes

Le Pacific Crest Trail (PCT) est un sentier de randonnée qui traverse les États unis en reliant la frontière du Mexique à celle du Canada. Tous mes conseils pour organiser votre PCT et le récit de mes 6 mois sur le Pacific Crest Trail !

Le Pacific Crest Trail (PCT)

La traversée se fait à travers le désert du Mojave puis les sierras Nevada et les crêtes de la chaîne de montagne nommée les cascades qui court à travers la Californie, l’Oregon puis l’État de Washington. 

Le trail fait 2650 miles soit 4265 km. Donc tu imagines bien qu’il faut prévoir suffisamment de temps pour couvrir cette distance à pied (de quoi te sens tu capable physiquement et mentalement ?) et il faut aussi prendre en compte la fenêtre météo. 

Pour te donner une idée j’ai fais mes premiers pas sur le Pacific Crest Trail (PCT) le 30 mars 2022 à Campo, le terminus sud à la frontière du Mexique et j’ai posé un pied au Canada le 12 septembre 2022, 5 mois et demi plus tard. C’est une bonne moyenne sachant que j’ai le sentiment d’avoir bien profité et bien poussé parfois aussi. Pense à toutes les aventures qui vont t’arriver entre ces 2 frontières…

Entre les rencontres, les paysages très diversifiés, le désert, la soif, la faim, la neige, les cols à traverser, l’ascension du mont Whitney, la canicule, les feux de forêts, les zero days, les blessures, les coups de mou, les rencontres avec les serpents et les ours… c’était incroyable ! L’aventure comme je l’aime, les paysages reculés, les magnifiques rencontres, le dépassement de soi. 

Ça te donne envie de marcher ou d’en savoir plus ? C’est comme ça que le rêve du PCT commence !

Préparer et organiser son Pacific Crest Trail (PCT) en 6 étapes

1. Choisir quand faire le PCT

En 2022 c’est une année où il a peu neigé donc c’était tout à fait possible de partir en mars, les permis sont délivrés sur des dates entre mars et mai. Avant ou après c’est trop dangereux par rapport à la présence de neige en altitude (si tu pars trop tôt) ou le manque d’eau dans le désert (si tu pars trop tard). La neige tombe à nouveau en novembre dans l’État de Washington donc il faudra prévoir d’arriver avant.

Les calculs sont rapides: je dois marcher 4265 km, il me faut environ 6 mois pour pouvoir le compléter. 

Il y a d’excellentes ressources sur internet pour se renseigner et planifier son trek. Daniel Craig Giffen à créé un site internet sur lequel tu peux calculer la durée de ta rando en fonction de plusieurs paramètres (combien de km et d’heure tu veux marcher par jour et à quelle vitesse tu te deplace) https://pctplanner.com/plan.phpCela m’a permis de définir les dates qui me convenaient pour faire le PCT.

2. Obtenir son permis pour le Pacific Crest Trail (PCT)

Ma seconde étape a été d’obtenir le permis pour avoir le droit de parcourir le Pacific Crest Trail (PCT). En effet, aux Etats Unis il faut avoir un permis pour marcher et surtout camper dans les parcs nationaux et sentiers de randonnée. 

Je pense que c’est une excellente idée parce que délivrer un permis teste la motivation pour passer par cette démarche et permet d’éduquer lors du processus les futurs randonneurs aux bonnes conduites à avoir sur le sentier de randonnée : comment et où camper, se laver, faire caca, faire un feu, manger… et tout ça proprement pour respecter ces espaces incroyables qu’on partage avec les autres randonneurs et animaux sauvages qui vivent ici. Le concept du « leave no trace » (ne laisse pas de trace) est vraiment respecté par la majorité des randonneurs !

Alors revenons à nos moutons, comment j’ai obtenu le permis de faire le Pacific Crest Trail (PCT) ? 

Chaque année une date est communiquée sur le site web du PCTA (Pacific Crest Trail Association) pour obtenir son permis de faire le PCT. Pour moi c’était le 14 novembre 2021. Il y a 2 ou 3 vagues de demandes de permis mais en tant que français il faut s’y prendre le plus tôt possible, car il reste une demande de visa pour les USA à gérer derrière et on connaît les délais avec l’administratif…

Donc le 14 novembre à 22h (heure française) je me connecte et j’attends 1h30 environ dans cette file d’attente virtuelle pour qu’ensuite arrive mon tour. Je sélectionne une date qui me plait parmi les dates qui restent pour partir, je fournis quelques infos personnelles. C’est validé et 2 jours après je reçois un mail qui me confirme que ma candidature est acceptée. Je ferais donc mes premiers pas sur le PCT le 30 mars, jour de mes 28 ans !

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3. Obtenir son visa B2 pour les USA

Après l’obtention du permis c’est les joies du visa. Il me fallait un long visa pour les USA parce que sinon en tant que français tu peux aller aux USA avec une autorisation électronique de voyage appelée ESTA que tu peux demander 72h avant ton arrivée dans le pays, cela te permet d’être un touriste dans le pays pendant 90 jours maximum. Donc moi, j’ai demandé un Visa B2 qui me permet de faire la touriste pendant 6 mois. Pour obtenir le visa B2 tu dois remplir un formulaire DS-160 en ligne (donner des infos sur toi, ta famille, ton motif de demande…), payer 185 dollars US. Puis tu prends rendez- vous à l’ambassade des Etats-Unis.

Tu dois leur fournir une photo d’identité et ton passeport puis tu participe à un entretien très rapide avec un agent de l’ambassade. Tu dois alors justifier d’un motif et d’intentions de voyages conformes au visa B2. Et les convaincre que tu as bien l’intention de rentrer en France à l’issue de la validité de ton visa. Il faut s’y prendre à l’avance pour prendre le rendez-vous à l’ambassade car les délais sont longs et si tu as une date trop tard tu fais comme moi et tu te connectes tous les jours pour réussir à chopper le créneau de quelqu’un qui annule. 

Ouf ça a marché et j’ai mon visa, qui est valable 10 ans donc je pourrais retourner marcher aux USA pendant 6 mois toute les 10 prochaines année si je le souhaite. Maintenant il n’y a plus qu’à quitter mon boulot et réserver mon billet d’avion !

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4. Choisir son matériel pour le Pacific Crest Trail (PCT)

Alors je peux te lister ce que j’avais dans mon sac, j’avais un peu geeké avant, j’ai aussi beaucoup appris et adapté mon matos une fois sur le terrain. Et le budget a aussi pas mal déterminé mes choix. Voici donc la liste de matériel avec lequel j’ai fini le Pacific Crest Trail (c’est plus pertinent que de lister le matos avec lequel j’ai commencé !).

Matériel de bivouac pour le Pacific Crest Trail (PCT)

  • Sac à dos : Gorilla 50L Gossamer gear 
  • Tapis de sol : Thermarest pro light plus femme (je l’avais depuis un trip velo en Nouvelle zelande et je l’ai gardé, avec le budget maintenant je prendrais un thermrest Xlite mais l’avantage que j’ai eu malgré le volume c’est que je n’ai jamais percé, donc pas de reparation où d’echange à gerer en plein trail) 
  • Tente : Big agnes Fly creek UL2
  • Sac de couchage : Enlightened Equipment  Quilt -6°C
  • Ground sheet ou tarp (type Tyvek, pare pluie de chantier de construction, tres leger et resistant) pour isoler du sol: sous ma tente, pour m’étirer, aussi tout le temps utilisé comme “nappe” de pic-nique 

Vêtements pour le Pacific Crest Trail (PCT)


Ce que je portais tous les jours :

  • Short de course à pied dont j’ai coupé le slip intégré
  • t shirt anti UV manches longues avec capuche 
  • chaussettes darn tough 
  • une brassière 
  • une casquette
  • tour de cou/buff en merino
  • Lunettes de soleil polarisées
  • Guêtres de chez Decathlon, pour éviter le sable et les cailloux

Ce que je portais en cas de besoin :

  • Legging micro polaire patagonia
  • Top manches longues micro polaire ultra light The north face
  • Bonnet 
  • Chaussettes x2
  • Veste de pluie GoreTex
  • Coupe vent ultra léger

Matériel de cuisine pour le Pacific Crest Trail (PCT)

  • Filtre à eau
  • Inreach mini, système de localisation, tracking et bouton sos pour appeler les secours en cas de danger.
  • Food bag résistant pour mettre toute ta nourriture. 

+ Bear canister de Kennedy Meadow south à Kennedy Meadow north

  • Popote en titane
  • Mini bruleur de cuisine BRS en titane
  • Cartouche de gaz 
  • Cuillère longue en titane 
  • Opinel
  • Poop bag  – Trowel (en alu ou titane pour creuser tes cat holes 💩)
  • Solution hydro alcoolique 
  • Papier toilette
  • Bidet qui s’adapt sur une bouteille (super pratique pour petite toilette et good clean after poop)
  • Serviette micro fibre pour te sécher, sécher la vaisselle, essuyer la condensation dans ta tente, te sécher les pieds après les traversée de rivière 
  • Moustiquaire pour la tête 
  • Lampe frontale 
  • Micro spikes / Crampons pour les traversées neigeuses périlleuses
  • Couverture de survie en cas d’urgence ou pour les nuits très froides  

Trousse de toilette et de soin pour le Pacific Crest Trail (PCT)

  • Mini carnet de voyage, stylo
  • Passeport
  • Carte bleu
  • Ecouteurs bluetooth (chacun sa philosophie là dessus, perso j’ai écouté des heures et des heures de podcast et musiques type BO de films, ça aide dans l’adversité)
  • Batterie externe Nitecore 10000 mAh
  • Chargeurs + prise avec multiples ports USB pour téléphone, batterie, écouteurs, lampe frontale
  • Brosse à dent, dentifrice
  • Baume du tigre pour me masser les pieds 
  • Anti inflammatoire, ou dolipranes 
  • Kinesio Tape ou bande de kinésiologie (Kinesiology Taping) à prendre après avoir appris à poser les bandes pour tes douleurs plus ou moins chronique, j’en ai beaucoup fait sur mon genoux droit par exemple)
  • Petite crème antibiotique cicatrisante 
  • Pansements 
  • Lingettes bébé pour la petite toilette dans le désert quand tu as des ressources d’eau ultra limitées type citerne à partager avec tous les autres randonneurs de la saison.
  • Pince à epiler 
  • Mini ciseaux 
  • Coupe ongles 
  • Kit de réparation de matériel : aiguille, fil, gorilla tape 

Voilà une liste exhaustive de mon matériel, je m’en sortais avec un poids de base avoisinant les 7-8 kg. Ajouter à cela l’eau et la nourriture, j’étais vers les 14 kg en moyenne je pense.

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5. Organiser ses ravitaillements de nourriture sur le Pacific Crest Trail (PCT)

Je suis française et j’ai atterri aux USA 2 jours avant de commencer le Pacific Crest Trail (PCT) donc je n’ai pas eu le temps d’organiser tous mes ravitaillements à l’avance. Comme presque tous les étrangers je faisais mes courses dans les grandes surface américaines, qui ont ce qu’il faut pour la rando. Je n’aimerais pas consommer ça au quotidien mais la culture alimentaire américaine est très adaptée pour un randonneur qui cherche des calories et des produits qui se transportent et conservent facilement.

J’ai parfois préparé des colis que je me suis envoyé dans un villages plus loins connu pour avoir très peu d’options en matière de ravito. Dans ce cas, le système de post est bien fait, on l’envoie à un bureau de poste en précisant “name, PCT hiker 2022 _ ETA mm/dd/yyyy”. ETA veut dire “Estimated time of arrival” (date d’arrivée estimée). Ce système est très fiable. Et souvent quand on arrive dans les bureaux il y a des piles impressionnantes avec tous les colis des randonneurs.

L’idéal selon moi et ce que font beaucoup d’américain c’est de préparer tous leurs colis à l’avance. Ils sont souvent très organisés, font des tableurs excel et demandent à un proche de leur envoyer tél colis pour tel date à tel endroit. Cela leur permet également d’avoir des ravito plus sains et avec leur produits favoris tandis que je devais m’adapter et j’ai parfois payé le prix fort dans des lieux reculés et j’avais plus de barres chocolatées sucrées qu’aux noix plus protéinées. Mes ravito étaient plus variables que les leurs. Chaque technique a ses avantages et inconvénients.

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Un ravito c’est super personnel, il est bon de l’adapter en fonction de tes besoins et ton rapport à la nourriture. Ma stratégie à moi c’était de beaucoup me rationner sur le PCT pour limiter le poids de mon sac et ne pas sentir mon énergie se vider lors de la digestion. Ça m’a aussi valu d’avoir faim et de ne penser qu’à la nourriture pendant des heures… on apprend à se dépasser et à connaître son corps pendant le PCT, c’est sûr !

Un peu avant l’état de Washington j’ai envoyé ma popote et mon réchaud chez les parents d’un ami et je n’avais plus qu’un pot en plastique pour réhydrater mes repas à froid, parce que je voulais expérimenter et essayer encore de supprimer quelques grammes de mon sac. J’ai donc mangé du riz avec du bacon, des tomates séchées et de l’huile de sésame midi et soir. 

Mes repas sur le PCT :

  • Snacks : Pro bar Banana nut bread or blueberry muffin, Clif bar peanut butter, KIND bar, Larabar, Bobo’s… La sélection de barres de céréales est incroyable aux USA, et on les trouve dans beaucoup de grande surfaces. J’avais aussi souvent des snacks type trail mix (mélange de noix, m&m’s, fruits secs) et du beurre de cacahuète (pareil, choix incroyables aux US). 
  • Pour le midi : Des tortillas (wrap) ou des crackers, du cheddar ou du thon (ils le vendent en sachet comme de la nourriture pour chat aux USA !)
  • Pour le soir : Riz ou Mac & Cheese ou couscous

6. Prévoir le budget de son PCT : combien ça coute le Pacific Crest Trail ?

Niveau budget, j’ai dépensé environ 10 000 euros pour faire le Pacific Crest Trail (PCT) pendant 5 mois et demi, en comptant :

  • le billet d’avion, 
  • un nouveau sac à dos (acheté après 1 mois et demi de marche parce que j’avais déjà perdu 5kg et que la ceinture était devenue trop grande),
  • les Airbnbs ou hôtels pour les zéro days (jour de repos),
  • la nourriture (les ravito, les resto et la quantité de bouffe qu’on peut ingurgiter au vu des calories brûlées jouent sur le budget haha),
  • lessives, crèmes solaire, recharges de gaz, et tout le petit matériel à remplacer ou acheter quand tu es sur le PCT,
  • L’abonnement Garmin Satellite Inreach pour mon Garmin Inreach Mini (25e / mois pour le plan le moins cher). Le Garmin Inreach Mini lui même m’a été offert par ma famille la veille de mon départ. Merci à eux, cela m’a offert une tranquillité d’esprit bienvenue sur le PCT !
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Récit de mon aventure sur le Pacific Crest Trail (PCT)

Départ du Pacific Crest Trail à la frontière USA-Mexique

Ma seule expérience de trek avant le PCT c’était le GR20 en corse, que j’avais marché en 2017. Donc autant dire que j’ai commencé le PCT en bébé randonneuse. Et j’y ai appris beaucoup. Je suis partie de la frontière entre les USA et le Mexique, on peut d’ailleurs apercevoir le mur qui sépare les 2 pays sur la gauche de ma photo au terminus sud. 

La Californie c’était le premier état à traverser et c’est là que je prends mes repères pour la suite. Je prenais donc le temps de marcher moins de kilomètres (entre 25 et 30 km) les premiers jours pour ne pas me blesser. Le temps de s’habituer à la vie sur le Pacific Crest Trail (PCT), dormir dans ma tente en camping sauvage, porter suffisamment d’eau (je comprends vite qu’il me faut 1L pour 5 miles), organiser mes ravitaillements.

Je découvre ce qu’est le désert ici, il y a plus de végétation que ce que j’aurais imaginé et les paysages sont très diversifiés. Beaucoup de buissons, surtout des épineux et des cactus. Les couleurs semblent être réglées sur le mode sépia. La journée tout est sec est très exposé au soleil et la nuit ça gèle, c’est d’ailleurs comme ça que j’ai cassé mon premier filtre à eau qui à gelé dans mon sac à dos ! J’ai ensuite appris qu’il faut dormir avec son filtre à eau dans son sac de couchage pour qu’il ne gèle pas. 

Au niveau de la faune sauvage, dans le désert du Mojave on trouve des serpents, scorpions, lézards, lapins, souris… Je crains beaucoup les serpents en général et je suis effrayée à l’idée de me retrouver face à un serpent à sonnette, je pense que c’est ma plus grande peur en partant sur le PCT. Un jour j’ai vu 3 serpents à sonnette dans l’espace de 30 min. J’étais tétanisée, stressée, le moindre bruit dans les buissons me faisait sursauter après ça… c’est la seule fois sur le Pacific Cret Trail (PCT) où je me suis dis que si tous les jours devait ressembler à celui ci j’abandonnerais. 

L’arrivée à Kennedy Meadow South sur le Pacific Crest Trail (PCT)

Après 700 miles (1126 km) dans le désert sur le Pacific Crest Trail (PCT), on arrive à Kennedy Meadow South. C’est un passage mythique du PCT, où quand on arrive tout le monde applaudit les nouveaux arrivants. Cet endroit est aussi ce qu’on appelle un vortex parce que quand on y est on veut y rester (certaines personnes restent 1 semaine, un mois où ne reparte jamais marcher sur le trail). 

Entre Tehachapi et Kennedy Meadow South on traverse des champs d’éolienne construit ici parce qu’il y a énormément de vent dans certaines vallées. Et vous savez sûrement que c’est très fatiguant de marcher en se faisant tacler par les bourrasques de vent. 

J’étais aussi contente d’y arriver parce que c’était la fin d’une période de 7 jours où je me suis beaucoup rationnée. C’était intéressant d’expérimenter le rationnement sur mon corps, je mangeais trop peu par rapport à ma dépense calorique, j’avais fait le choix de réduire drastiquement le poids de mon sac de bouffe pour économiser mes genoux. Je me sentais pleine d’énergie mais je ne pensais qu’à la nourriture, c’est fou ce qu’on à comme énergie dans notre corps. C’est passionnant de pouvoir se retrouver dans cette situation où tout demande un effort et notre corps suit, on a des ressources insoupçonnées et on a rarement l’occasion de puiser dedans dans nos vies sédentaires.

Les Sierras Nevada sur le Pacific Crest Trail (PCT)

Après Kennedy Meadow on arrive dans les Sierras Nevada, cette chaîne de montagne qui abrite les parcs nationaux de Yosemite et Sequoia. C’est magnifique, pendant 3 semaines on est en altitude dans les hautes montagnes et on passe beaucoup de cols. Ce qui nous offre des vues époustouflantes sur les crêtes et de la neige. Il y a aussi beaucoup moins de randonneurs, ce qui est très appréciable. Et il n’y à pas de serpent à sonnette à cette altitude (rires) !

Mes journées sont rythmées par les passages de col. On campe souvent 1h avant un col pour pouvoir grimper et descendre tôt le matin quand la neige est encore bien gelée et avant qu’on ne s’enfonce dedans. 

L’ascension du Mount Whitney (4421m)

Le 25 mai, debout à 00h30 avec Mermaid et Fatty on fait l’ascension de Mount Whitney, le plus haut sommet des États unis sur le continent. Il culmine à 4 421m d’altitude et nous arrivons au sommet à 4h45 pour les premières lueurs du jour. C’est magique. Après avoir grimpé Mount Whitney on fait une sieste dans l’après midi puis on repart sur le PCT !

Le parc national de Yosemite sur le Pacific Crest Trail (PCT)

Après avoir réglé quelques histoires de papiers en ligne pour avoir le permis de passer 2 nuits dans la vallée de Yosemite on y descend avec ma Tramily (Trail Family) pour se balader, découvrir, se baigner et aller voir le fameux El Captain. Un mur vertical de 915 mètres qu’Alex Honnold à grimpé en free solo en 2017. Impressionnant. Fou. 

Les Sierras c’était 640 km et 17 644 mètres de dénivelé. Les belles vues ça se mérite ! A ce moment-là, on a des jambes d’athlètes, on saute dans les lacs gelés et on boit l’eau des rivières. C’est la belle vie. Pour vous donner une idée, le PCT au total c’est 149 174 mètres de dénivelé positif, et 148 867 mètres de descente. Parfois ça tire sur les genoux, heureusement que c’est étalé sur 4 260 km !

La traversée de l’Oregon sur le Pacific Crest Trail (PCT)

L’Oregon c’est moins de dénivelé donc je couvre plus de distance. Je marche des distances de marathon tous les jours, les jambes sont en forme. J’ai des douleurs chroniques à un genoux et je commence également à avoir des douleurs sous un pied. La fascites plantaire et les tendinites sont les pathologies à la mode chez les trekkeurs..Le Kinésiologie Taping m’aide beaucoup : ce sont des bandes collantes sur lesquelles on applique plus ou moins de tension pour soutenir les muscles et tendons. Une fois qu’on sait comment placer les bandes pour supporter telle ou telle douleur c’est vraiment efficace.

L’Oregon c’est aussi là que commence la canicule ainsi que les feux de forêt. C’est sec, chaud et très exposé quand on traverse des forêts brûlées par les incendies des années précédentes. J’ai les jambes et les pieds couverts de cendre, parfois c’est glauque et triste, parfois c’est beau de voir la végétation renaitre (3 ans après les incendies…). Ça tire un peu le moral de voir tous ces hectares calcinés et de savoir que c’est de pire en pire chaque année.

Le pire c’est les moustiques, jusqu’à 10h du matin puis à partir de 17h ils sont horribles ! les seuls moments ou je peux me sentir tranquille c’est quand il fait 40 degrés donc trop chaud pour eux. J’en viens à marcher emballer dans la toile de tente pour me protéger des piqûres qui m’empêchent de dormir la nuit, et me tape sur le système la journée. 

Vous l’aurez compris j’ai eu un peu moins le moral en Oregon, ça fait 4 mois que je marche, les douleurs s’accumulent ainsi que quelques du mental à coup de moustiques et de fortes chaleurs. Et comme on a passé le midpoint ce qui signifie qu’on a marché la moitié du PCT (la plus dure), les questions redondantes “quand est ce que tu comptes arriver au Canada ?”, “C’est quoi ton plan après le PCT?”.. m’agacent parce que je ne veux pas finir. Je suis heureuse ici, j’aime marcher, vivre dehors et rythmer mes journées par de l’exercice physique, un peu de sociabilisation et des repas.

Et pour ce qui est de mes plans après le PCT, et bien je n’en ai aucune idée !

Traversée de l’État de Washington sur le Pacific Crest Trail ( PCT)

Après un mois de marche où notre petite tramily s’est divisée pour avoir des cadences différentes, on se retrouve finalement pour marcher ensemble à travers l’Etat de Washington, le 8 août on traverse The Bridge of the God. C’est la belle saison, on peut manger beaucoup de baies sur le chemin et ça rend heureux de se nourrir de la nature et de manger des fruits frais qu’on à pas a porter sur le PCT !

Washington State est magnifique ! A nouveau on est dans les montagnes et on grimpe, on descend. les vue sont belles, le temps est doux, on est entre potes, il fait bon vivre. On traverse Goat Rocks Wilderness et les points de vue sont incroyables, les marmottes et les Pika sont de sortie, on peut observer les Mount Shasta et Mount Hood durant quelques jours.

Je croise un ours brun dans son milieu naturel pour la première fois de ma vie alors que je marche seule dans les bois. Il descend de l’arbre dans lequel il est perché lorsqu’il m’entend puis il traverse le sentier et après m’avoir observé un peu. 

On se baigne et se lave beaucoup dans les lacs. Vers la fin août une épidémie de gastro tourne dans la communauté des randonneurs vers la ville de Stehekin et on se retrouve chacun notre tour malade comme des chiens à devoir tout de même faire des kilomètres parce qu’on ne va pas s’arrêter à cause d’une gastro. 

Fin du Pacific Crest Trail (PCT)

Vers la fin on à très peu de réseaux, on est éloignés de la civilisation et on n’est pas au courant des nouvelles du monde extérieur. On voit bien des grands nuages de fumé au loin vers le nord et plus on se rapproche, plus on se doute que ce sont des feux de forêts qui n’augurent rien de bon. En effet, c’est seulement 50 km avant de passer la frontière du Canada qu’une amie reçoit un message du monde extérieur sur son appareil satellite, la sentence tombe : un feux de forêt se propage dans Manning Park et tout autour du terminus, l’accès au PCT est bloqué par des Rangers qui nous informe et nous détourne.

C’est un sacré coup au moral pour toute la troupe. Je suis déçue et triste d’être privée ainsi d’une ligne d’arrivée tellement méritée. J’ai beau me répéter que c’est toute l’aventure qui compte et pas juste le terminus, mon moral est bien bas. Pendant 5 mois j’ai marché et depuis 3 ans je me suis visualisée sur ce terminus et me demandant quel serait mon sentiment…

On ne se laisse pas abattre avec les amis, Stubs qui fait partie de la bande à une cabine en bois (enfin ses parents ont une maison) dans le village de Mazama. Son père vient nous chercher en PickUp sur le parking où tout le monde se fait détourner. On reste quelques jours avec eux dans leur cabine, et on refait nos sacs pour un départ imminent. Avec Stubs, Captain et Burrito on part en road trip, 7h plus tard on est de retour en Oregon pour marcher la seule section du trail (“Lionshead closure”) qu’on avait contourné car elle était fermée et interdite à cause des feux de l’année précédente.

Pendant l’été, des volontaires ont coupé les arbres et branches potentiellement dangereuses et la section à ouvert à nouveau à la fin août. 4 jours de marche en plus, je me dis que ça va me donner le temps d’accepter que cette aventure est finie. C’est bon de marcher pour prendre du recul et me retrouver seule. Pendant qu’on marche l’association du PCT met en ligne un document GPX pour nous indiquer un sentier vers l’Est suffisamment éloigné des feux de forêts qui nous permettrait de rejoindre la frontière du Canada à pied et de finir le PCT !

Le lendemain on repart donc tous ensemble marcher cette dernière section de 37 km pour aller jusqu’à la frontière. On vit alors une fin des plus épique, le bouquet final de cette longue traversée du Pacific Crest Trail (PCT) !

Alors que mes amis rient et boivent le champagne qu’on vient de faire péter pour célébrer, je m’éloigne pour suivre un petit sentier et voir la fameuse frontière, symbolisée par un espace d’une dizaine de mètres où les arbres ont été rasés…

C’est alors que je me retrouve en face d’un loup à une trentaine de mètres ! Il s’en va, je préviens mes amis qui me rejoignent pour faire de belles photos souvenir en groupe et alors que je n’arrête pas de regarder le spot où j’ai vu ce loup, j’en vois 2 apparaitre. Peut être qu’il a lui aussi voulu prévenir son compagnon de notre présence ? Après quelques secondes les loups font demi- tour et s’en vont, on entend alors les meutes de loups chanter au loin. Magique

Alors qu’un orage commence, on part vite planter nos tentes sous la pluie (première et unique fois de tout le trail où on monte le camp sous la pluie). Le lendemain on replie le camp pour la dernière fois, on prend le café, et alors qu’on se tait pour écouter les loups chanter on entend un pom-pom pom-pom régulier. On se retourne pour voir un ours brun plutôt impressionnant nous charger. On se met alors à crier “Go bear !” tout en tapant des mains ou les bâtons de marche entre eux. Il finit par partir et notre petite troupe s’esclaffe et rit d’excitation. Quelles dernières 24 heures ! 

Le guide ultime du Pacific Crest Trail (PCT)
  • Pierre Ferrolliet

    Fondateur de Toporando, je suis un amoureux des grands espaces et de la nature que j'explore chaque fois que j'en ai l'occasion !

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